Les femmes s’emparent de l’espace public – acte 1

De février à juin 2017, le Collectif Etc et Adrien Zammit de l‘Atelier Formes Vives ont accompagné le projet Les femmes s’emparent de l’espace public mené par un groupe de femmes du 3ème arrondissement de Marseille.

Des lieux majoritairement occupés par des hommes, des espaces publics peu accueillants pour les femmes et les enfants… autant de faits identifiées par un groupe de femmes du quartier de la Belle de Mai.

Le groupe s’est fondée en 2015, autour d’une quinzaine de femmes et au sein du Pôle familles de la Maison pour Tous Belle de Mai et dans l’objectif rompre l’isolement. Ces dernières ont rapidement dépassé la vocation initiale du groupe en décidant de passer à l’action pour améliorer les conditions de vie dans leur quartier. Comme premier angle d’attaque en ont choisi de traiter la problématique de la place des femmes dans les espaces publics de la Belle de Mai.

Elles ont commencé par réaliser une série de photos dans la Friche Belle de Mai, un lieu qu’elles fréquentaient peu et dans lequel elles ne se sentaient pas à leur place. Mais l’enceinte protectrice de cet espace leur à permis de prendre confiance et de se mettre en scène en jouant avec l’environnement urbain.

La première Quinzaine du Turfu a été l’occasion de montrer ces photos aux publics sous la forme d’une exposition programmée dans l’Ambassade du Turfu. Cela nous a permis de se rencontrer, et de susciter le désir d’une collaboration du groupe, avec Adrien Zammit de l’Atelier Formes Vives et les membres du Collectif Etc. L’objectif : réaliser une nouvelle série d’image et cette fois dans le quartier.

Quatre lieux emblématiques de leurs malaises sont choisis : la place Caffo et sa terrasse de café où les hommes sont majoritaires, le parvis de l’école primaire Cadenat cerné par la circulation automobile et dépourvu d’équipements pour les familles, une station de lavage auto où les regards des hommes sont parfois trop pesants, enfin, le « Coin pour tous », une parcelle délaissée à l’angle de deux rues, dont l’abandon et l’obscurité nocturne engendre un sentiment d’insécurité.

Au cours d’ateliers préparatoires, les femmes ont imaginées des formes d’interventions variées, exprimant leur désir de transformer joyeusement ces différents lieux. Dessins, collages, récits, ont précédé la mise en œuvre de situations performatives dans l’espace. Des photos ont été réalisées en vue de témoigner par la suite de la démarche menée et de diffuser les aspirations des femmes pour leur quartier.

Place aux femmes

Le groupe a commencé par organiser un grand rassemblement à la terrasse d’un bar habituellement occupée par des hommes. Le choix d’une non-mixité a été faite pour ce premier temps, une étape nécessaire pour prendre confiance avant d’aller plus loin.

La station des naïades

Les femmes ont imaginé troquer les automates contre un fonctionnement associatif, qui leur permettrait d’utiliser cet équipement plus sereinement. Dans la station des naÏades, les unes et les autres s’entraident pour nettoyer les voitures, tout en prenant du bon temps au soleil.

L’île aux enfants

Le temps d’un mercredi après-midi, le groupe a transformé le parvis de l’école en jardin d’enfants. Les femmes ont protégé la placette par des rubans colorés et réalisé un aménagement éphémère à partir des jeux du centre social, d’éléments de mobilier réalisées du Collectif Etc tel que le Papomo et de tracés au sol réalisés avec Adrien Zammit. Plusieurs familles du quartier ont pu profiter de cette installation, ce qui a permis de partager plus largement  une réflexion sur la possibilité mais aussi la nécessité d’améliorer cet espace.

Belle de Mai Plage

Cette installation vient clôturer la série et explore le potentiel onirique de ce projet photo. Faisant fi de l’espace délaissé jonché de déchets, les femmes ont construit un décor pour emmener un air de vacances au coeur du quartier.

L’ensemble des prises de vues ont  été présentées au théâtre le Parvis des Arts à Marseille. Nous avons fait paraître plusieurs articles sont parus dans la presse locale avec l’intention d’interpeler les pouvoirs publics sur la nécessité d’appuyer un passage à l’acte concret avec la mise en oeuvre d’espaces de proximité imaginés et fabriqués avec les habitants du quartier.

Nous remercions Xavier Lours, Élina Chared et Sébastien Delfavero, forces vives de l’Ambassade du Turfu qui ont prêté main forte au projet.

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